CEBIER - 46 12/10/97 DEMOCRATIES Fin Août, on était fixé. L.Jospin, qui n'avait rien dit en matière de décentralisation pendant sa campagne,s'est rattrapé à la clôture du congrès de l'Assemblée des présidents de conseils généraux comme le rappelle l'article de Jean-Louis Andreani dans Le Monde:"..le chef du gouvernement a confirmé ce que laissait supposer son silence à ce propos lors de sa déclaration de politique générale : il exclut un bouleversement institutionnel qu'il ne "sent "pas." Voici rassurés tous les présidents de C.G. inquiétés par une hypothétique suppression des départements au profit des "pays" par J-C Gaudin, précédent ministre de l'aménagement du territoire. On connaissait les socialistes à l'origine de la décentralisation- G.Defferre oblige-, on les voit rassurer une droite assez laborieuse dans l'art de la surenchère. Qu'en pensent les parlementaires socialistes et leurs alliés? Quel débat a permis à L.Jospin de se retrancher derrière son simple sentiment? Sans doute, la démocratie a-t-elle encore frappé... Fin Août, C. Allègre, ministre de l'E.N. et maître diététicien s'en prend au dégraissage du mammouth enseignant. Stratégie tous azimuts en apparence, c'est le primaire et surtout le secondaire qui sont visés pour le partage du terrain en faveur des syndicats en déconfiture proches de la sensibilité P.S.. On ne reviendra pas sur ces petites manoeuvres qui ne résisteront pas longtemps à l'épreuve de la rentrée et des promesses à tenir ( emplois-jeunes précaires et sans réel statut, réemploi et titularisation des maîtres auxiliaires, absence de création de postes ). Notre attention a surtout été retenue par la proposition de déconcentration des nominations des enseignants du secondaire sous contrôle de la "direction de l'administration". Paradoxale par son souci de contrôle renforcé au nom d'un allègement des structures de direction, n' avons-nous pas là un bel exemple de contrôle a posteriori? Qu'y a-t-il de fondamentalement changé dans l'esprit? Favorables à une véritable régionalisation de l'Education, nous sommes hostiles au système centralisé actuel. Mais nous ne voulons pas que, au nom d'une déconcentration qui se prétend simplement "technique", les obstacles rencontrés par les nouveaux titulaires viennent s'ajouter aux difficultés vécues dans l'exil par les enseignants anciennement nommés au Nord de la Loire et qui attendent pour revenir au pays. Car là est le véritable problème non abordé par C. Allègre. Derrière les petites phrases polémiques, rien de nouveau dans le jardin néo-jacobin. Début septembre, F.Léotard fait sa rentrée électorale en déclarant que la nation est "une , mais divisible". Favorable à une France fédérale, l'ancien maire-promoteur fréjussien, n'en est pas à une conversion près. Décidément,le supposé successeur de J-C Gaudin a des idées (et de l'ambition) à revendre quand il est dans l'opposition . Surtout que cet innocent a le mérite d' effleurer, symboliquement, le point sensible du système français, qui reste le dernier, seul contre tous en Europe.